Charente-Maritime : Hiersac, le Chemin des Anglais et la Forêt de Marange – Quand les Petits Poucets Révèlent l'Immense Histoire
Sommaire Général de la Publication
🔶️Explication d’une inspiration : une photo fortuite, un projet historique
🔶️Conditions d’utilisation générale du blog
🔶️L'Étude Approfondie : Trois petits poucets au cœur de l’histoire
🔶️Conclusion : Hiersac, le Chemin, la Forêt... et la Charente Éternelle
🔶️Épilogue : L'Écho de l'Histoire dans le Présent
🔶️Annexe : Approfondissements Thématique.
🔶️Mentions Légales
🔶️Bibliographie
Chaque section a son sommaire….
✨️✨️✨️Explications d’une inspiration…
“L'Éclat d'Octobre Rose sur Hiersac : Quand une Photo Fortuite Révèle les Racines de Notre Projet 1”
Plan de la partie
⭐️Pourquoi Hiersac ?
⭐️Une digression : Sensibiliser et honorer les combattantes
⭐️Retour à Hiersac dans la vie du blog : la nécessité de raconter son. histoire
⭐️L'histoire des trois petits Poucets...", la Genèse d’un titre
⭐️Une invitation au voyage
🔴Pourquoi Hiersac ?
Vous vous demandez peut-être : Pourquoi Hiersac ? La réponse se trouve dans la chronologie de notre blog, qui remonte exactement à un an. Pour s'aligner sur la campagne de sensibilisation au cancer du sein d'Octobre Rose de l'année dernière, notre créatrice a choisi la mairie illuminée de Hiersac comme symbole.
🔴Une digression : Sensibiliser et honorer les combattantes
✅️Une conscience éveillée peut sauver une vie
Avant de nous plonger plus profondément dans l'histoire de Hiersac, et même si "Octobre Rose" est passé, nous tenons à profiter de cette occasion pour réitérer les dangers du cancer du sein. Une détection précoce et un traitement rapide peuvent mener à la guérison dans la plupart des cas, soulignant le besoin crucial de visites régulières chez un spécialiste.
N'oublions pas que la lutte contre cette maladie ne se termine pas avec octobre. Ses effets dévastateurs se poursuivent tout au long de l'année, faisant de nombreuses victimes. Cette campagne vise à attirer notre attention sur cette pathologie et à éveiller notre conscience collective. Alors, gardons les yeux ouverts.
✅️Honorer le courage d'un combat, et ne jamais oublier
Nous adressons nos pensées et nos prières pour soutenir les patients dans leur combat. Nous pensons aussi profondément aux familles qui se tiennent aux côtés de ces guerriers dans leur lutte. Ce combat inégal emporte parfois les victimes et leurs proches dans un ouragan dévastateur à l'issue fatale. La perte d'un être cher laisse ceux qui les entourent blessés, meurtris et dans un immense désespoir. Nos pensées de soutien vont à leurs parents, maris et enfants. Nous honorons ces combattants qui, malgré un courage et une détermination inébranlables, ont malheureusement perdu la bataille.
🔴Retour à Hiersac dans la Vie du Blog : La Nécessité de Raconter son Histoire
🔶️Le Hasard qui a Conduit à Hiersac
Le choix de Hiersac fut purement fortuit. Rien ne prédestinait cette commune à symboliser notre soutien initial. Un simple post de la page Facebook du village est apparu dans notre fil d'actualité, et notre conceptrice a trouvé que la photo exprimait parfaitement le message de soutien destiné à cette date spéciale. C'est ainsi que Hiersac est entrée dans notre vie.
🔶️Notre Mission : Diffuser l'Histoire Locale
Naturellement, nous ne pouvions pas laisser ce hameau sans raconter son passé. C'est impossible ; cela fait partie de notre ADN. N'oublions pas que si notre objectif principal est le récit historique de l'Abbaye Royale de Saint-Pierre de Corbie, de sa ville, de son canton, nous avons une seconde mission : celle de diffuser l'histoire, de parler d'histoire. Notre deuxième prénom, officiellement, est "Conteurs d'Histoire". C'est pourquoi Hiersac nous revient.
🔴"L'Histoire des Trois Petits Poucets...", la genèse d’un titre
🔶️La Rareté des Sources et l'Élargissement de la Recherche
Une autre question pourrait vous venir à l'esprit, cher public, et nous pensons savoir laquelle. Si nous racontons le récit historique de Hiersac, alors pourquoi parlons-nous de deux autres éléments ?
Notre recherche documentaire fournit une réponse claire et précise. En effet, la composition du post sur la chronologie de Hiersac s'est parfois avérée extrêmement difficile en raison de la rareté des sources sur le village. Il était difficile de se limiter à l'histoire de ce petit bourg ; il fallait chercher plus loin.
🔶️La Révélation des "Petits Poucets" : Forêt et Chemin
Au fur et à mesure que notre dossier documentaire s'enrichissait de nos découvertes, il nous a conduits à d'autres "petits Poucets" historiques directement liés à notre petit village : la légende d'une forêt majestueuse, aujourd'hui disparue, et celle d'un chemin mythique dont l'origine serait plus que millénaire. Ceux-ci sont apparus dans le ciel de Hiersac.
🔶️La Genèse du Titre et de l'Approche
C'est de cette révélation qu'est né le titre de notre exploration : "Charente-Maritime : Hiersac, le Chemin des Anglais et la Forêt de Marange – Quand les Petits Poucets Révèlent l'Immense Histoire". Ce titre incarne notre démarche : partir de trois éléments apparemment modestes – Hiersac, le Chemin des Anglais et la Forêt de Marange – pour dévoiler la profondeur et la richesse insoupçonnée de l'histoire régionale de la Charente-Maritime. Il souligne comment ces "petits poucets" nous guident vers des récits bien plus vastes, connectant le local au général, le visible à l'immémorial.
🔴Invitation au Voyage Historique
Maintenant, vous connaissez tous les secrets de l'origine de cet article. Laissez-nous, chers Voyageurs du Temps, vous transporter dans la sphère intemporelle de ces trois "petits Poucets", qui vous mèneront dans un voyage à la fois fantastique et historique.
Bon voyage !
🔶️Avant le Départ : Les Formalités
Mais avant de partir, nous devons vérifier que votre passeport est en règle et que vos valises sont au bon format. Pour ce faire, voici les conditions d'utilisation…
🔴🔺️ Conditions d’utilisation générale du blog🔺️
Avant de nous lancer dans cette nouvelle aventure historique, il est essentiel de rappeler les conditions d'utilisation de ce blog. La clarté est primordiale pour protéger mon travail.
Séverine Abdellaoui-Chatelain, conceptrice du blog « Les Trois Espaces de l’Abbaye de Corbie du XIIe au XVe siècles », n’autorise aucune utilisation ni reproduction, même partielle, de son sujet ainsi que de ses diverses formulations, de ses articles en rapport avec ce dernier, et de toutes les autres publications du blog (sections générale ou régionale)
En d'autres termes, tout le contenu que vous découvrirez ici est protégé. Nous vous encourageons à le consulter, à vous en inspirer pour vos propres recherches, mais toute reprise ou duplication nécessite une autorisation explicite.
C'est une démarche cruciale pour garantir le respect de la propriété intellectuelle et soutenir le travail de recherche et de rédaction.
Prêt à explorer les secrets des Trois petits poucets avec ces règles en tête ?
Tout est en ordre, vous pouvez vous diriger à l’embarcadère… votre bateau vous y attend
Bonne promenade sur les flots de l’histoire…
✨️✨️Étude :
🔴Voici un sommaire bref et concis :
📜Introduction : Entre Mythe et Réalité
⚜️Présentation de Hiersac, de la Forêt de Marange et du Chemin des Anglais.
⚜️Problématique : Entre fiction et réalité, l’histoire s’inscrit
📜I/ Marange : Disparition et Missions
⚜️A/ Les causes de sa disparition : Exploitation intensive du bois depuis la Préhistoire jusqu'à l'ère industrielle par les Romains, les Comtes d'Angoulême et le pouvoir royal.
⚜️B/ Ses missions principales : Frontière naturelle et berceau du village de Hiersac.
📜II/ Aux Origines des Terres de Hiersac
⚜️A/ La Saintonge : Historique de cette province, des premiers peuplements aux guerres de religion.
⚜️B/ L'Angoumois : Rôle stratégique et économique de cette province frontalière, marquée par une déforestation progressive.
📜III/ Le Chemin des Anglais : Un Mystère Ancien
⚜️A/ Origine contestable : Débat sur ses fondateurs (Romains, Protohistoire, Celtes, Moyen Âge).
⚜️B/ Hypothèses du Moyen Âge : Analyse des témoignages de François de Corlieu, des Chroniques de Froissart et du Prince Noir, sans conclusion définitive.
📜IV/ Hiersac : Sa Naissance et Son Histoire
⚜️ A/ Hericius, le fondateur : Portrait hypothétique d'un légionnaire ou colon d'origine germanique.
⚜️B/ L'évolution du village : Hiersac comme carrefour sur le Chemin des Anglais, ancrée dans la foi et l'agriculture, évoluant vers la modernité.
📜Conclusion : Un Patrimoine Vivant
⚜️Epilogue : Hiersac, le Chemin et la Forêt sont des témoins de l'histoire charentaise, illustrant l'impact humain et les dynamiques territoriales.
🔴Introduction : Entre mythe et réalité : l’histoire s’écrit
✅️Présentation de nos protagonistes…
Hiersac est une petite commune du sud-ouest de la France, située en Charente, un département de la Nouvelle-Aquitaine. Elle est située sur l'ancien "Chemin des Anglais". Son nom proviendrait du prénom latin Hericius, auquel a été ajouté un suffixe, formant "Hirciacum", signifiant "Domaine d'Hericius". Les toponymistes suggèrent que le son du mot rappelle les patois germaniques de l'époque.
Notre petite village compte donc parmi ses ancêtres une vaste propriété datant de l'époque romaine, qui a vu le jour au sein de la grande Forêt de Marange, aujourd'hui disparue. Les sources soulignent sa densité remarquable et son importance géographique et historique.
✅️Une problématique : "Entre fiction et réalité... L'histoire s'écrit"
Plusieurs questions se posent : Quelle était la nature de cette propriété ? Ses activités ? La forêt était-elle sa seule source de revenus ? Au moment où nous écrivons ces lignes, nos recherches n'ont pas abouti à des réponses concrètes. Hypothèses et spéculations rejoignent notre quête de vérité.
Citons deux auteurs illustres pour illustrer notre propos
📜Ray Bradbury : "Tout ce que nous rêvons est fiction, et tout ce que nous accomplissons est science ; toute l'histoire de l'humanité n'est rien de plus que de la science-fiction.")
📜Anatole France “L'histoire n'est pas une science ; c'est un art. On n'y réussit que par l'imagination."
Il est clair que l'histoire a besoin à la fois d'imagination et de vérité pour exister et raconter les faits.
Former une hypothèse sur une civilisation disparue ou des événements est un premier pas vers la compréhension du passé. Pouvoir vérifier une théorie avec des sources écrites et des preuves archéologiques est la plus grande des victoires.
Dans notre discussion, rêve et imagination s'entremêlent avec des faits réels.
En effet, les sources concernant Hiersac, la Forêt de Marange et le Chemin des Anglais fournissent peu d'informations. Nous avons dû combiner les fruits de notre imagination avec la chronologie de la Charente, de la Nouvelle-Aquitaine et d'autres provinces pour trouver des similitudes ou des preuves véritables, garantissant la fiabilité de nos suppositions :
✴️Pour expliquer la disparition d'une forêt, ses fonctions (enjeux économiques, politiques, stratégiques et frontaliers). Les réponses à ces extrapolations pourraient résoudre des questions sur les activités d'un domaine romain transformé en village.
✴️Pour donner une identité plausible au père fondateur de notre village et à ses motivations pour établir son domaine à cet endroit.
✴️Pour résoudre les origines obscures d'un chemin dont la création est attribuée à l'Antiquité.
Ce mélange savoureux sera un voyage entre mythe et vérité.
✅️Annonce du plan
Nous commencerons par explorer un scénario d'hypothèses, étayé par des preuves indirectes qui, néanmoins, constituent des faits réels sur d'autres forêts. Ces éléments tenteront d'apporter une explication plausible à la disparition de Marange, pour laquelle nos preuves actuelles ne sont que modérément satisfaisantes. Au cours de cette étape, nous aurons également l'agréable surprise de découvrir ses missions potentielles et les activités envisagées pour Hiersac au fil des siècles.
Puis, nous partirons à la découverte des terres natales de Hiersac. Nous ne les évoquerons pas. C’est une surprise.
Ensuite, nous ferons un bref arrêt sur l'une des plus anciennes routes de la région, que les habitants appellent "le Chemin des Anglais" depuis le Moyen Âge. Il est important d'en discuter car Hiersac est une étape sur cette route mythique où les voyageurs pouvaient trouver refuge pour la nuit, se reposer une journée ou vendre leurs marchandises. Nous essaierons d'établir une "esquisse" de ses origines.
Enfin, cher voyageur du temps, nous reprendrons notre chemin pour notre rendez-vous ultime : la rencontre historique avec Hiersac.
Ainsi, le programme de notre délicieuse promenade historique est fixé. Que l'aventure commence !
🔴I/ Marange : Sa disparition, ses missions... Un aperçu des activités de Hiersac
🔶️A/ Les causes possibles d'une catastrophe écologique annoncée, ou l'histoire économique du domaine d'Hericius
La Forêt de Marange a été fortement exploitée par l'industrie du bois au fil des siècles, entraînant sa disparition actuelle du paysage. Bien que les récits historiques recueillis lors de notre quête du Graal fournissent peu de détails sur cette catastrophe, ils sont néanmoins révélateurs. Examinons les preuves découvertes par les archéologues et les sources historiques de nos modestes recherches pour commencer à répondre à cette question. Commençons notre voyage.
🟪La période protohistorique et celto-gauloise : Les débuts timides de l'utilisation
Son exploitation remonte probablement à la Préhistoire. Marange est traversée par le Chemin des Anglais, que les historiens attribuent à une origine protohistorique. Mais cette incertitude historique est un autre débat, que nous aborderons plus tard.
Les peuples de l'âge du Bronze ou du Fer ont dû utiliser ses ressources pour construire leurs villages, leurs relais, leurs outils ou pour la vie quotidienne. Leur extraction de ce milieu naturel est restée minime. Quant aux Celtes et aux Gaulois, malgré des habitats plus développés avec des oppida et des hameaux, ils ne l'ont pas surexploitée, à notre humble avis.
Les civilisations de cette époque respectaient encore la nature et sa magie.
Les sources matérielles sont rares. Les arguments développés ci-dessus sont de la pure spéculation. Seuls les écrits apporteront des réponses concrètes. Les Romains étaient des maîtres en la matière. Leurs compétences en gestion mettent en lumière les premières causes de cette catastrophe écologique imminente.
Leurs registres comptables, leurs récits, sont liés à ceux des médiévaux et des modernes qui n'hésitaient pas à détailler la disparition et l'utilisation des forêts, notamment en ce qui concerne leur utilisation par les Comtes d'Angoulême et le pouvoir royal.
Le XIXe siècle, avec son essor industriel et malgré une prise de conscience croissante au milieu du XVIIIe siècle des conséquences de la déforestation, a sonné le glas de nombreuses forêts. Marange faisait partie de cette procession.
Partons à la rencontre des Romains qui, au lendemain des guerres des Gaules, ont organisé et exploité les ressources de cette nouvelle province.
🟪L'Antiquité : Les prémices d'une catastrophe annoncée
La Gaule Aquitaine avait la réputation d'être riche et prospère. Les Romains y ont développé la viticulture, déjà présente avant la conquête. Sous l'Empereur Domitien, elle connut un revers ; il interdit à nos ancêtres de produire du vin, ordonnant l'arrachage des plantations existantes et interdisant la création de nouveaux domaines. Malgré de telles mesures, de récentes recherches archéologiques ont montré que les vignobles ont continué à faire partie du paysage gallo-aquitain.
Ce n'est qu'avec Probus, qui régna de 232 à 282, que cette interdiction fut levée. Une exploitation fut même créée en Saintonge à la fin du IIIe siècle. Le commerce de ce nectar, déjà florissant à l'époque, s'est ensuite développé. L'une des routes de l'étain de Cornouailles passait par Burdigala (Bordeaux).
Si cette route et ces vignobles sont très éloignés de Hiersac et Marange, ils témoignent de l'attractivité de la région. Comme toutes les provinces de l'empire, la campagne fut rapidement exploitée par les propriétaires de villas et les agriculteurs. Le "domaine d'Hericius" en est un excellent exemple. Le territoire s'est couvert d'un tissu urbain intense, avec tous les besoins et nécessités qui l'accompagnent. Les villes gallo-romaines étaient connues pour être de grandes consommatrices de bois. En effet, le bois était largement utilisé comme bois d'œuvre (artisanat, construction, étayage de mines) ou comme combustible pour la métallurgie, la production de terre cuite ou le chauffage. Cette exploitation intensive n'a pas cessé avec la chute de l'Empire ; elle s'est poursuivie aux époques suivantes.
🟪Du Moyen Âge au XIXe siècle : La suprématie de l'humanité sur Dame Nature
Du grand seigneur à la royauté, aucune personne de haute extraction n'a cherché à la protéger. Ils ont préféré exploiter ses richesses naturelles.
Au Moyen Âge, Marange était la propriété des Comtes d'Angoulême, qui la divisèrent en plusieurs petits fiefs. L'objectif d'une telle décision était de développer les terres pour la culture céréalière et viticole. Cependant, cela a également accéléré sa déforestation. Naturellement, d'autres conséquences courantes de la disparition des forêts, considérées comme des événements majeurs de l'histoire forestière, doivent être prises en considération.
On peut citer, entre autres, la production omniprésente de charbon de bois. Ce processus est réalisé par carbonisation de la matière, en la privant d'oxygène, en éliminant toute humidité et en ne retenant que le carbone et les minéraux. Bien sûr, toutes les essences de bois peuvent être utilisées. Les personnes vivant de cette industrie étaient des charbonniers. Eux et leurs familles vivaient soit à l'intérieur, soit à proximité de cette ressource forestière. Des preuves de leur existence sont encore visibles aujourd'hui. Une simple observation du paysage lors d'une promenade révélera des zones aplaties différentes du reste de la parcelle, correspondant à l'emplacement des fours à charbon de bois, autrefois appelés "places à feu". La forêt de la Braconne, bien que très éloignée de nos zones d'étude dans ce post, est réputée pour cette activité et éclaire l'une des ressources que Marange aurait pu fournir aux habitants de Hiersac.
Le lieutenant criminel Jean Gervais (1668-1733), dans son ouvrage Mémoires sur l’Angoumois (publié en 1864 par Babinet de Rencogne, archiviste de la Charente), énumère diverses utilisations, notamment celles liées aux vignobles, qui sont restées une activité importante au fil du temps. Il déclare : "Ceux de Malestrade... de Marange, situés sur les confins de l'Angoumois... leur produit est proportionnellement plus utile au Roi que celui de Braconne, parce qu'ils sont environnés de pays ouvert et de vignobles, où il y a une très grande consommation de bois, tant pour le service public que pour les chaudières d'eau-de-vie, ce qui rend leurs coupes recherchées et plus chères." Les secteurs d'activité, déjà en vigueur pendant l'Antiquité, ont continué et même se sont intensifiés. Le degré de déforestation était tel que l'auteur décrivait la province avec ces mots : "L'Angoumois, grand consommateur de bois... qui se fournit à la Saintonge et au port de Rochefort." La construction navale s'ajoutait à celles déjà mentionnées. Bref, les causes sont multiples et loin d'être exhaustives.
La cause la plus choquante, si tant est que l'on puisse classer cette catastrophe environnementale, est son utilisation par le pouvoir royal pendant cette période. Devenue nouvelle seigneur de Marange, la royauté a abusé de son abondance sans aucune pudeur. Nous revenons à cette citation des Mémoires de l’Angoumois : "Ceux de Malestrade... de Marange, situés sur les confins de l'Angoumois... leur produit est proportionnellement plus utile au Roi que celui de Braconne." Les activités liées aux besoins de la monarchie étaient si intenses qu'en 1760, des villages et des villes comme Douzat ou Échellat ne contenaient que des vestiges de cette forêt, qui avait une vaste densité selon les quelques sources que nous possédons.
Que dire d'autre sur la disparition de Marange ? Les aléas climatiques sont un facteur plausible dans cette longue liste de catastrophes. Nous pouvons ainsi évoquer le froid intense qui a touché l'Europe en 1709. Cet épisode, appelé "Le Grand Hiver", a provoqué une crise de subsistance entraînant une famine qui a causé la mort de milliers de personnes. En une seule nuit, celle du fameux 5 janvier 1709, le climat a changé, et le continent s'est réveillé sous un épais manteau de neige. Aucun signe climatique n'avait prédit un tel événement. Les gouvernements et les populations ont été pris au dépourvu. En France, cette saison hivernale fut extrêmement cruelle pour Paris. Les régions ont également subi son impact, notamment au sud et à l'ouest. Des dégâts importants ont été observés sur les cultures. Les vergers ont été presque détruits. Les oliveraies et la production de blé étaient inexistantes. Le témoignage de notre auteur sur l'Angoumois est assez éloquent : "Le Pays était autrefois assez couvert de noyers, qui y poussaient de belles tiges et étaient d'une grande utilité aux habitants ; mais l'hiver de 1709 les fit tous périr. L'espoir de les voir se reproduire ne peut être qu'un objet pour nos descendants..." Néanmoins, si cette catastrophe a laissé des traces indélébiles dans la mémoire des Européens, les observations faites par les contemporains sont sujettes à caution.
Nous ne pouvons conclure notre étude sans mentionner l'ère industrielle. Ce boom économique et technologique a entraîné une surexploitation du bois et une déforestation intensive entre 1700 et 1827. Cette catastrophe s'explique aussi par les angoisses d'une société craignant de subir une "pénurie de bois". Cependant, au milieu de cette tourmente sociale, les esprits s'éveillèrent, raisonnèrent, et l'idée de protéger la forêt émergea.
🟪Les débuts fragiles de la conscience écologique
Au siècle des Lumières, Marange avait l'apparence d'un bosquet. Nous citons à nouveau Jean Gervais : "Ceux de Malestrade situés près de Châteauneuf... de Marange... ne sont que des bosquets." Face à cette situation, le pouvoir royal réagit et promulgue deux décrets importants : celui du 18 août 1722, qui interdit l'exportation de bois à l'étranger, et le second, daté du 3 mai 1720, qui ordonne la plantation d'arbres. Ce dernier ne fut jamais appliqué en raison du développement des habitats, qui empiétaient souvent sur les paysages forestiers, et de la négligence des paysans qui n'entretenaient pas correctement les zones : "Le Pays était autrefois assez couvert de noyers, qui y poussaient de belles tiges et étaient d'une grande utilité aux habitants ;... L'espoir de les voir se reproduire ne peut être qu'un objet pour nos descendants, et il semble difficile de compenser la perte par une quantité égale, puisque le bétail, répandu dans la campagne en plus grand nombre qu'il ne l'était sans doute autrefois" (Mémoires de l’Angoumois de Jean Gervais, publié en 1864).
Hélas, contesté de toutes parts, le pouvoir royal, malgré des débuts prometteurs en matière de protection, a toujours eu du mal à trouver sa place dans la gestion forestière. Notre pays, durant cette période, a perdu environ un million d'hectares boisés. Marange n'était probablement plus de ce monde. Même si de nombreuses tentatives d'État ont été faites par la suite pour gérer les forêts (la gestion en 1791 fut confiée aux autorités locales ou aux propriétaires / la création du Code forestier en 1827) et les reboiser, il semble que ces mesures n'aient pas été favorables à notre "petit poucet".
🟪Épilogue d'une mort annoncée
Nous sommes arrivés au terme de notre réflexion sur les causes humaines ou climatiques possibles de la disparition de cette forêt.
Ce que nous pouvons retenir comme points saillants de ce voyage, c'est que Marange était une vaste et grande forêt, dont l'importance topographique représentait une matière première abondante et une ressource indispensable au point de devenir son "linceul mortuaire". Son importance commerciale, le désir de développer des terres agricoles, les activités de construction, etc., n'étaient pas non plus favorables à sa survie.
La période médiévale, l'ère moderne et les révolutions industrielles ont vu les pouvoirs comtaux, monarchiques ou républicains prendre des décisions qui ont largement contribué à sa déforestation.
Alors que des lois et des décrets furent promulgués pour tenter de gérer au mieux le parc forestier de l'Angoumois et d'empêcher la déforestation, la catastrophe écologique se produisit bel et bien. Marange n'est plus.
En conclusion, l'histoire forestière reste étroitement liée à celle des sociétés humaines et à leurs bouleversements. Une guerre, des avancées technologiques ou le commerce peuvent perturber la vie d'une forêt.
À un niveau plus local, on peut constater que Marange a sans aucun doute influencé la naissance de nombreux villages, tels que Hiersac. La forêt a toujours représenté une source de revenus.
Cet Hericius a vu le potentiel qu'il pouvait en tirer. L'attrait du lieu a dû être important pour que son domaine se transforme en hameau, puis en superbe village.
🔶️2/ Les missions mystérieuses de Marange
Marange n'était pas seulement une corne d'abondance pour l'économie ou les besoins quotidiens de Hiersac et d'autres villes qui s'installèrent près ou à l'intérieur. Sa vocation était plus prestigieuse et sa destinée louable.
🟪Délimitations des Frontières
Au cours de notre voyage à travers les flots de l'histoire pour la comprendre, nous avons découvert que sa mission était, entre autres, de servir de frontière entre la Saintonge et l'Angoumois, deux anciennes provinces françaises qui furent régulièrement des points de discorde entre Français et Anglais pendant la période médiévale, notamment pendant la Guerre de Cent Ans.
Cependant, nous pensons que vous l'avez peut-être déjà remarqué, cher public, à travers les citations extraites de l'œuvre de Jean Gervais et son titre évocateur Mémoires de l’Angoumois.
Le Moyen Âge apporta donc à Marange son heure de gloire, en plus d'en faire une prestigieuse frontière entre deux entités politiques qui marquèrent l'histoire de France.
Elle délimitait également le diocèse d'Angoulême de celui de Saintes.
🟪Le berceau de Hiersac
L’Antiquité lui offre son plus beau rôle: être la mère de Hiersac. En effet, c’est sous les feuillages de ses arbres, qu’un petit domaine romain vit le jour…,
Néanmoins, n'oublions pas que la Saintonge et l'Angoumois sont restées ses terres natales tout au long des changements de frontières ou de gouvernance. Nous devons faire une halte sur notre parcours. Nous sommes invités à faire connaissance avec ces “deux dames”. Il convient de raconter brièvement l'histoire de ces deux anciennes provinces sans entrer dans trop de détails.
Vous pourrez, cependant, les découvrir davantage à travers le corpus de sources, qui comprend quelques éléments littéraires et des sources internet pour étancher votre curiosité. Commençons par la Saintonge.
🔴II Aux Origines des Terres de Hiersac
🔶️1/Saintonge :
Occupée depuis le Paléolithique, les Néandertaliens furent les premiers habitants de notre région. Les recherches archéologiques ont mis au jour des vestiges tels que des abris sous roche découverts à La Roche Courbon. Mais la Saintonge, de son nom latin Santonensis, tire son origine du peuple gaulois, les Santons. Selon la légende, ils étaient des descendants de Troyens venus fonder une colonie après la chute d'Ilion, autre nom grec de la célèbre ville de Troie. La date d'établissement de cette tribu reste incertaine. Cependant, les historiens estiment leur arrivée entre les Ve et IIe siècles av. J.-C.
En 60 av. J.-C., les Santons accueillent les Helvètes fuyant les Germains. Ces derniers s'installent à l'embouchure de la Gironde. Jules César ne voit pas cela d'un bon œil. Au contraire, ce rapprochement est perçu comme une menace pour Rome et la ville romaine la plus proche, Toulouse, véritable grenier de la région. Il décide donc de l'envahir en 58 av. J.-C. La Saintonge est érigée en civitas pendant le Haut Empire. Cette période est placée sous les auspices de la prospérité économique au point que Mediolanum Santonum (l'actuelle Saintes), la capitale de l'Aquitaine Seconde (le nom romain de l'actuelle Saintes), bénéficie de nombreux travaux. Avec la fin de l'Empire romain, la Saintonge n'échappe pas aux invasions barbares qui affectent l'empire : Alains, Vandales... Mais la plus importante est celle des Wisigoths en 419. Ces derniers s'établissent pour quelques décennies. En 507, Clovis reconquiert finalement le centre de la région après la bataille de Vouillé.
Malgré son intégration au Royaume d'Aquitaine, fondé en 781 par Charlemagne, durant laquelle elle connaît une ère de prospérité et de paix, la province n'a pas d'existence propre avant le XIVe siècle. Jusqu'à ce moment précis, elle reste fragmentée entre de nombreux petits fiefs, dépendants soit du Poitou, de l'Aquitaine ou de l'Anjou. Elle suit naturellement leur destinée.
Territoire santon et romain à l'origine, la Saintonge devient française lorsqu'Aliénor, duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitou, épouse le roi Louis VII de France en 1137. En 1157, deux événements marquants la font changer deux fois de "nationalité" : la dissolution du premier mariage de la duchesse rend la Saintonge angevine. Puis, son mariage avec Henri Plantagenêt fait que la province adopte les couleurs du drapeau anglais. Cette dot, confiée par mariage au Royaume d'Angleterre, devient problématique en 1204. Des tensions apparaissent entre les Capétiens, qui cherchent à reconquérir l'Aquitaine, et les Plantagenêts. Nous entrons dans l'ère des guerres de Saintonge, qui aboutissent à la mise à la tête du comté,d'Alphonse de Poitiers, frère du roi Louis IX. En 1271, le comte meurt sans descendance, et la Saintonge retourne sous domination anglaise. Elle le reste jusqu'en 1375
.
La première impression qui transcende, outre cette accumulation de fiefs façonnés par les querelles de deux entités royales distinctes, est que la Saintonge apparaît comme une délimitation territoriale entre le domaine capétien et celui des Plantagenêts. La seconde observation est qu'elle a également représenté l'un des enjeux majeurs de la Guerre de Cent Ans, qui fut un lourd fardeau pour la région. En effet, en 1360, le traité de Brétigny, également appelé traité de Calais, qui met fin aux quatre années de captivité de Jean le Bon, la rattache au duché de Guyenne. Elle devient possession anglaise. Cette ratification ne lui accorde que quelques années de répit.
À partir de 1371, les hostilités reprennent. Bertrand du Guesclin, personnage principal de la première partie d'un des plus grands conflits de l'histoire européenne, devenu connétable de France en 1370, est chargé d'administrer la conduite des armées pour reconquérir le royaume. Il le fait avec brio, car la région est presque entièrement reconquise. Cet effort est un triomphe en 1375, lorsque la Saintonge rejoint enfin le Royaume de France. Nous devons cette victoire au roi Charles V qui, après l'accord signé à Brétigny, s'engage dans la reconquête des territoires perdus. Cependant, ce n'est qu'en 1451 et surtout en 1452 que la Saintonge retrouve sa place au sein de notre pays.
L'ère moderne est marquée par les guerres de religion, avec La Rochelle jouant un rôle décisif en tant que place forte et bastion indépendant. L'émergence de cette nouvelle religion, le protestantisme, prend rapidement de l'ampleur dans la province. Les adhérents de cette foi réformée n'hésitent pas à contester l'autorité du Saint-Siège et les dogmes établis. Les Dragonnades, visant à forcer les protestants à abandonner leur foi et à revenir au bercail catholique, conduisent à l'exil forcé vers les Pays-Bas ou le Nouveau Monde. Cette période est également marquée par des révoltes paysannes comme les "Croquants" et les "Pitaux", qui réclament une réforme fiscale. À chaque fois, la répression est rapide et se termine dans un bain de sang.
Pendant la période révolutionnaire, la Saintonge connaît la Terreur.
Nous arrêterons ici notre récit concernant cette province. Il ne vise qu'à introduire l'une des terres natales de Hiersac. Il n'est pas question de raconter toute l'histoire de la Saintonge.
Découvrons brièvement l'Angoumois…
🔶️2/L 'Angoumois
Nous nous concentrons principalement sur son rôle et son évolution au travers de sa relation avec la forêt de Marange et de son positionnement géographique crucial.
Ancienne province française, l'Angoumois est présenté comme une entité territoriale d'une importance notable, notamment au Moyen Âge. À cette époque, la forêt de Marange, désormais disparue, servait de frontière naturelle et politique entre l'Angoumois et la Saintonge. Cette délimitation était d'autant plus stratégique que ces deux provinces étaient des points de discorde récurrents entre les couronnes française et anglaise, en particulier durant la Guerre de Cent Ans. La forêt délimite également le diocèse d'Angoulême de celui de Saintes.
Sur le plan économique et environnemental, l'Angoumois est dépeint comme une région où la déforestation fut un processus long et intense. Dès l'Antiquité, les Romains, après la conquête de la Gaule, ont exploité intensivement les ressources ligneuses de la forêt de Marange pour leurs besoins urbains (construction, métallurgie, chauffage). Cette exploitation ne cessa pas avec la chute de l'Empire.
Au Moyen Âge, les comtes d'Angoulême ont activement participé à la déforestation en divisant la forêt en petits fiefs pour favoriser l'agriculture (céréales, vigne). Des activités comme la production de charbon de bois ont également contribué à cette disparition progressive. Le texte mentionne l'Angoumois comme un "gros consommateur de bois" qui fournissait même la Saintonge et le port de Rochefort pour la construction navale.
Le pouvoir royal, devenu propriétaire de Marange à l'époque moderne, a également exercé une pression considérable sur cette ressource, intensifiant le déboisement, notamment en 1760 pour des raisons royales. Malgré quelques tentatives de régulation (interdiction d'exportation, ordre de plantation), la déforestation de l'Angoumois (et de Marange) fut inexorable jusqu'à son quasi-achèvement, notamment lors de la Révolution industrielle.
En résumé, l'histoire de l'Angoumois, telle que présentée, est intrinsèquement liée à sa géographie stratégique (en tant que zone frontalière) et à l'exploitation intensive de ses ressources naturelles, en particulier la forêt de Marange, par les pouvoirs successifs (Romains, Comtes d'Angoulême, Royauté), menant à une déforestation quasi totale au fil des siècles.
Nous avons fait connaissance avec les “mères” de Hiersac : Marange, Saintonge et enfin l’Angoumois. Nous devons maintenant partir à la rencontre du père.
Pour ce faire, nous devons emprunter le Chemin des Anglais, qui sera obligé de nous livrer tous ses moindres détails. Ce court arrêt, riche en rebondissements, nous conduira après bien des détours à Hiersac, notre point ultime, qui est aussi l'une des nombreuses étapes de cette prestigieuse route.
🔴III/ Le Chemin des Anglais : Une étape essentielle pour mieux comprendre son "ADN"
Les preuves matérielles attestant de l'existence du "Chemin des Anglais" sont à la fois nombreuses et rares. En effet, les divers éléments découverts sur son passé lors d'études menées par des archéologues comme l'Abbé Hippolyte Michon s'avèrent parfois très significatifs. Ils apportent des solutions épistémiques précises sur sa fondation et ses supposés créateurs. Puis, tel un ouragan, des vérités que l'on croyait acquises sont balayées. De nouveaux indices et de nouvelles théories apparaissent, tout aussi précaires que les précédentes. Bref, cette contradiction des signes donne à ce "petit poucet" des allures de labyrinthe où se mêlent une prolifération de questions et une constellation de réponses très obscures. Cependant, parmi elles, se trouve sans aucun doute la clé du mystère.
🔶️1/ Une origine romaine contestable
Cette route, qui passe par Cognac-Angoulême et se connecte à la célèbre Voie d'Agrippa (reliant Saintes à Lyon), semble avoir été injustement classée parmi les anciennes voies romaines.
Même si elle semble avoir été fortement utilisée par les Romains, comme en témoignent les découvertes accumulées lors de diverses fouilles archéologiques (notamment lors d'importants travaux routiers menant à Nercillac), un pavé composé de pierres verticales recouvertes de pierres horizontales, le tout maintenu par de la chaux, a été mis au jour. Cependant, cette preuve est à la fois surprenante et décevante. Elle remet en question l'origine romaine de cet accès. L'aspect regrettable concerne les matériaux utilisés : bien qu'ils datent de l'empire d'Auguste, on ne les retrouve nulle part entre Hiersac et Jarnac, et ils ne semblent pas être des matières premières locales.
Vous pourriez objecter que d'autres découvertes le long de cette route pourraient attester de sa véracité romaine. On peut citer les vestiges d'une villa gallo-romaine avec des pièces de monnaie à Thouerat, les ruines d'un village appelé "la Cava du château", ou un sarcophage en pierre contenant une fiole et une statue de Mercure à Douzat. On a l'impression que chaque petit caillou, dispersé tout au long de l'existence de la civilisation romaine, nous ramène à Rome. De plus, la construction d'un exploratorium, sorte de poste d'observation, sur le "Mont des Arbres", premier sommet du Massif Central, dont les traces sont encore visibles sur la commune du Mas, semble renforcer cette théorie.
Cependant, les historiens s'accordent à dire que rien n'indique un destin romain pour le "Chemin des Anglais". Si cela avait été le cas, il aurait vu le jour au IVe siècle, lorsque Angoulême fut établie comme civitas Engolismensis. Les preuves, comme indiqué précédemment, ne font que souligner une utilisation romaine intensive, ce qui ne fait pas des Romains les fondateurs de ce chemin. Ils l'ont simplement développé, facilitant sa circulation, du moins en partie. Qui a créé cette route ? Quand a-t-elle vu le jour ?
La Préhistoire ou la période médiévale pourraient-elles être considérées comme les époques originelles de ce chemin ? Les Celtes en furent-ils les créateurs ?
Petits détails sur les notions et lieux rencontrés :
💡Lieux mentionnés :
📚Nercillac : Une commune à 6 km de Cognac. Son histoire reflète largement celle de Hiersac. Les deux villages sont des "descendants" de domaines agricoles ou forestiers fondés à l'époque romaine. Ils ne diffèrent que par leur père fondateur : celui de Hiersac était d'origine germanique, tandis que celui de Nercillac était un Gallo-Romain nommé Narcillus.
📚Jarnac : Écrite Jharnat en saintongeais, cette ville est apparue sur la rive droite de la Charente. Si Hiersac et Nercillac étaient des "sœurs", Jarnac serait le troisième frère. Elle compte parmi ses ancêtres l'une de ces fameuses villas apparues après la conquête de la Gaule par César. L'histoire de ses activités s'est perdue dans le temps. Le lien fort entre Jarnac et Hiersac est que le son de son nom rime à la fois avec le patois tribal germanique et le latin de la ville éternelle : Arganus. Sa position sur le réseau routier romain, notamment sur le Chemin des Anglais, justifie son importance durant l'Antiquité. Des fours de potiers trouvés sur le site attestent d'une riche industrie. Enfin, cette petite ville est le lieu de naissance de François Mitterrand, inhumé dans son cimetière depuis 1996.
📚Thouerat ou Touerat : Un hameau près de la Charente, au sein de la commune de Fléac, qui comprend plusieurs hameaux. Il a donné son nom à une écluse. Son nom apparaît pour la première fois dans l'histoire en 1100, alors orthographié Toirac. Que dire de Fléac ? Petit village résidentiel d'Angoulême, il est occupé depuis le Néolithique, avec de nombreux outils en silex, céramiques, amphores, etc., découverts. À l'époque romaine, il connut un commerce florissant.
📚Douzat : Comme Nercillac, Jarnac ou Hiersac, cette commune est issue de la création d'une vaste propriété romaine. Ses activités sont également inconnues. Son fondateur s'appelait Doccius ou Dotius. Plusieurs vestiges antiques ont été mis au jour sur son territoire. Il est important de rappeler, cher public, que cette ville contenait des vestiges de la forêt de Marange avant sa disparition totale, un processus déjà bien avancé en raison de l'exploitation commencée dans l'Antiquité et exacerbée en 1760 par un défrichage intensif sur ordre du roi, qui en était propriétaire. Nous tirons cette information du livre de Vigier de la Pile, Histoire de l’Angoumois, publié en 1844 et réédité en 2003 par les éditions Lafitte. La commune de Douzac, son ancien nom, a été créée à partir de l'ancienne paroisse, et son nom actuel est apparu en 1801
📚Mas : Partie des hameaux situés sur le territoire de Mazerolles, qui s'appelle Maserolas en Limousin et en Occitan. C'est une commune de la Charente limousine. Son nom latin Maceria signifie "ruine".
💡Notions
📚Voie d’Agrippa : Ce terme désigne à la fois la célèbre route de Lugdunum (Lyon) à Saintes et le vaste réseau routier établi par les Romains après les Guerres des Gaules. C'est Gaius Octavius, devenu Empereur Auguste, qui confia cette réorganisation des provinces gauloises à son ami Vipsanius Agrippa.
📚Civitas : Ce terme correspond à plusieurs définitions :
🔅La citoyenneté romaine : Il s'agit des droits et devoirs d'un habitant de Rome.
🔅Après la conquête de la Gaule, Rome utilisa les États tribaux existants pour établir son administration. Civitas (pluriel civitae) désignait alors une tribu indigène organisée, son territoire et sa ville principale (la capitale régionale). Cette structure joua finalement un rôle parfait dans l'intégration, au point qu'à la fin de l'Empire, elle se traduisit par le mot "ville".
🔶️2/ Préhistoire, Celtes et Moyen Âge rejoignent le débat
🟪"À l'aube de la civilisation... La Protohistoire est-elle le premier rayon de soleil à éclairer ce problème épineux des origines ?"
Le Chemin des Anglais semble avoir été utilisé par nos ancêtres dès la Préhistoire, et plus précisément pendant la période protohistorique. Cette période se situe à la jonction avec l'Antiquité, comprenant divers âges : Cuivre, Bronze et Fer. Les humains préhistoriques ont dû créer ce chemin pour transporter ces matériaux à travers la région et la Gaule, probablement à des fins commerciales.
Proches de la nature, leur religion animiste l'a probablement transformé, comme le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, en un chemin de croyance, conduisant les pèlerins vers un lieu sacré pour le culte de la déesse de la fertilité, de la terre, ou pour les solstices d'été ou d'hiver. L'histoire reste silencieuse sur ces diverses hypothèses. Nous n'avons que notre imagination et nos connaissances historiques, toutes personnelles et sujettes à interprétation, pour fournir une explication.
Mais soudain, au détour d'un virage, des druides celtes apparaissent comme par magie. Leurs sortilèges ou les traditions orales transmises de génération en génération détiennent-ils assez de sagesse ancienne pour répondre à notre question ? Que le sortilège délie les langues, et que les Celtes nous disent tout sans omettre le moindre détail.
🟪La brume matinale dispersée... Les Celtes guideront-ils nos pas sur le chemin de la connaissance des pères fondateurs ?
Les Celtes, plus précisément les Santons ou les Agesinates de Pline, ont probablement parcouru cette route entre les différents oppida qui ont pu jalonner son parcours. Des guerres ont pu avoir lieu sur sa surface pavée, forgeant ou brisant des alliances selon les victoires, détruisant des tribus et leurs villages, portant de nouveaux chefs au pouvoir. Des traités de paix impliquant des échanges de prisonniers, des trésors donnés au vainqueur, ou des mariages ont pu être conclus le long de ses kilomètres. Fut-il un enjeu stratégique pendant les Guerres des Gaules ? César ne dit rien de cette possibilité. Mais pourquoi pas ? Bref, à ce stade de notre raisonnement, aucune information écrite ou matérielle ne peut confirmer ou infirmer ces théories.
Le Moyen Âge se profile à l'horizon. Période obscure, propice à de nombreux mythes et contes, celle des châteaux forts avec leurs souterrains secrets, du roi Arthur, du Chant de Roland... Révélera-t-il, à sa manière, la légende originelle du Chemin des Anglais ? Donnons-lui la parole.
🟪"Quand vient le soir, au clair de lune... Le Moyen Âge détient-il toutes les réponses ?"
Si les sibylles du monde celtique n'ont pas trouvé dans leurs visions les réponses nécessaires pour élucider le mystère originel du Chemin des Anglais, le Moyen Âge, selon les historiens, détient dans ses siècles les clés de la connaissance qui feront sortir de l'oubli les réponses à nos questions. En effet, une analyse approfondie de la toponymie et de la topographie des lieux a révélé l'existence de deux chemins distincts qui traversent Angoulême. Les habitants lui donnent également le même nom. Nous vous laissons deviner lequel ; cela ne devrait pas être très difficile. L'un va vers l'est en direction de Saintes, et l'autre va vers l'ouest en direction de Limoges.
Est-ce une preuve suffisante pour confirmer l'hypothèse romaine dans sa généalogie ? Bien sûr que non, mais les indices archéologiques et textuels soutiennent suffisamment cette théorie. La confirmeront-ils ? Il ne faut pas oublier que la présence romaine est fortement attestée par la prolifération d'objets ou de constructions découvertes le long de son parcours, contrairement aux Celtes et à la Protohistoire, qui ne sont soumis qu'à une libre interprétation basée sur des déductions plausibles. Elles restent du domaine des hypothèses. Mais, face à l'Empire d'Auguste, les médiévistes ont de solides arguments en leur faveur.
Il est temps que la Protohistoire, la période Celtique et l’Antiquité entamé une partie de poker avec le Moyen Âge….
✅️Atout cœur : François de Corlieu, historien Angoumois du XVIe siècle la passion historique d'un homme de l'Angoumois pour éclairer notre problème ?
Un témoignage de l'ère moderne, datant spécifiquement du XVIe siècle, nous plonge au cœur de la période médiévale. L'historien angoumoisin François de Corlieu, également connu sous le nom de François Veilroc, décédé en 1576 à Niersac, fut conseiller du roi, conseiller du duc d'Orléans et procureur au sein de la sénéchaussée d'Angoumois. Il composa une œuvre historique sur cette dernière. Tout son travail est réuni dans une compilation intitulée : Recueil en forme d’histoire qui retrace par écrit [ou qui se trouve par éscrit] de la ville et des comtes d’Angoulême par François Corlieu.
Sa première publication eut lieu en 1576, année de sa mort, selon le site histoire.passion.eu (sorte de blog historique sur la Charente, l'Angoumois ou la Saintonge). Son édition a très probablement eu lieu entre 1629 et 1632, selon la BNF. Sa réédition, quant à elle, date de 1885 ou 1886 et nous la devons à J.H. Michon, le grand archiviste-historien de la Charente, cité précédemment, et elle comprend apparemment cinq volumes.
Mais laissons de côté les détails de ce passé éditorial pour nous concentrer sur le message que notre auteur nous livre. Notre source raconte un épisode datant du XIIIe siècle, durant lequel Hugues, dit de Fougères, petit-fils d'Ysabel, veuve de Jean sans Terre, roi d'Angleterre, fit paver cette route sur "une demi-lieue". Cela correspond à environ 2 kilomètres, sachant que la lieue terrestre française équivaut à 4 km. Voici la citation : "Je n'ai trouvé que lui qui eût fait paver toutes les approches de la ville d'Engolisme et le chemin de la ville au port, lequel chemin dure environ demi-lieue..." (Recueil sous forme d’hist. p 99).
Ici, notre quête de vérité prend des couleurs médiévales et nous éloigne inévitablement des Romains, des Celtes ou de la Protohistoire. Attention, si notre historien est plus proche des faits qu'il rapporte que nous, il faut se rappeler que ses moyens d'investigation et de critique sont différents de ceux utilisés aujourd'hui. Même si son Histoire de l'Angoumois reste un chef-d'œuvre, il faut avoir le recul et la prudence nécessaires pour lire son contenu. Poursuivons notre élan.
✅️Carte trèfle🍀: Quatre feuilles des Chroniques de Froissart, une chance de gagner la partie ?
Notre deuxième argument, qui nous renforce dans cette direction, est étroitement lié aux circonstances du siège d'Angoulême mené par le duc de Normandie en 1346. Les Anglais, alors maîtres de la ville, se seraient enfuis le long de la Charente. Cette fuite semble être mentionnée dans les Chroniques de Froissart. Cependant, au moment où nous écrivons ces lignes, nos recherches documentaires sur des extraits de cette œuvre trouvés en ligne et liés à cet événement n'ont rien donné. Cette citation, qui soutiendrait ou contredirait cette supposition, reste introuvable. L'instigateur de cette proposition, qui voit dans ce célèbre auteur, né en 1337 à Valenciennes, une preuve claire de ce fait, n'est autre que François Marvaud. Il le mentionne dans son article intitulé "Étude sur la voie romaine de Périgueux à Saintes dans l’arrondissement de Cognac", publié en 1864 dans le Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente. Sa publication a remporté la médaille de bronze au concours archéologique organisé en 1863 par les sociétés savantes de l'époque.
Bien que les Chroniques de Froissart soient considérées comme une source essentielle pour comprendre le XIVe siècle, la culture chevaleresque et la première moitié de la Guerre de Cent Ans, elles ne semblent pas contenir les indicateurs historiques nécessaires pour confirmer ce nouveau point de vue. Pour conclure, cette phrase de Marvaud est assez éloquente : "Je dois me borner à ces suppositions [il fait référence à Froissart], n'ayant aucune preuve historique ou archéologique pour démentir absolument l'opinion contraire" (Cf p 296 de l'article "Étude sur la voie romaine..."). Nous sommes à nouveau dans une impasse. L'avenir du Moyen Âge en tant que détenteur des réponses concernant l'origine du Chemin des Anglais s'assombrit. Au milieu de la nuit noire, un espoir demeure, et il est de sang royal.
✅️Carte Royale : Ironiquement, un Prince Noir pour nous tirer de l'obscurité ?
Nous avons une dernière carte à jouer : celle du Prince Noir, qui n'est autre qu'Édouard de Woodstock, fils aîné du roi Édouard III d'Angleterre et de Philippa de Hainaut. Son surnom lui fut attribué longtemps après sa mort en 1376. Son origine exacte est incertaine. Est-il lié à la couleur noire de son armure ou à sa réputation de chef de guerre impitoyable ? Son rôle de stratège impressionna grandement ses contemporains. Sa participation à la bataille de Crécy en 1346 est restée dans les mémoires. Son rôle clé et ses décisions menèrent à la victoire des troupes anglaises. Il se distingua également dans d'autres batailles.
Il est fort probable que ce surnom soit lié aux seize années de chevauchées apocalyptiques qu'il organisa à travers l'Aquitaine. Chaos, pillages, destructions... rythmèrent la vie de la région entre 1355 et 1376. Ces campagnes répressives étaient dirigées à la fois contre ses adversaires qui voulaient conquérir son duché et contre ses détracteurs qui remettaient en cause son autorité sur ses terres. Les chroniqueurs du XVIe siècle le blâment souvent dans leurs récits pour ces actes de cruauté.
Cependant, au cœur de l'historiographie contemporaine du XIXe siècle, un historien nommé Jean Hippolyte Michon, un abbé, voyait en lui un homme qui aurait pu rénover les routes principales d'Angoulême lors de son séjour. Toujours selon cet enthousiaste, cette supposition pourrait expliquer pourquoi diverses routes en vinrent à être appelées Chemins des Anglais. Néanmoins, deux facteurs remettent en question une telle conception :
La première cause est liée à sa personnalité royale. Comment un roi aussi cruel, usant de violence répressive contre ses sujets, aurait-il pu se lancer dans de grands projets de rénovation ? L'argent était apparemment détourné vers ses activités néfastes. Il est également vrai que l'histoire a montré que des dictateurs, des empereurs sanguinaires, etc., ont pu réaliser de superbes constructions.
Deuxièmement, si des travaux furent entrepris, les archives historiques n'en gardent aucune trace.
Notre dernier avantage, comme les deux autres, nous conduit à une impasse, et le rideau final clôt le débat sur le Moyen Âge étant considéré comme l'étape la plus prometteuse dans l'arbre généalogique du Chemin des Anglais. Pourtant, dès le début, l'âge des châteaux forts et des Templiers portait toutes les promesses. Mais là encore, les vérités révélées, mises à l'épreuve de la dureté des preuves historiques, sont balayées comme des feuilles d'automne par le vent, nous laissant dans le doute.
Notre voyage à travers le temps pour identifier les créateurs du Chemin des Anglais touche à sa fin. Il n'a apporté que des questions, des solutions hypothétiques et pourtant valides. Ce chemin illustre est donc définitivement un dossier historique X-file. Aucune période évoquée lors de ce voyage ne nous donne de réponses claires, précises et définitives. Nous resterons donc dans le flou des couloirs du temps.
Sans nous en rendre compte, nous sommes enfin arrivés à notre destination finale : Hiersac. Allons à sa rencontre.
🔴IV/ Hiersac : Sa naissance, son histoire...
Hiersac, étape essentielle sur le Chemin des Anglais, où les voyageurs s'arrêtaient pour se reposer et se désaltérer, a sans doute attiré certains d'entre eux qui ont fini par s'y installer. Si cette route aux origines mystérieuses a probablement augmenté sa population, il n'en reste pas moins que la forêt de Marange, avec sa légendaire densité extraordinaire, est son berceau.
Un jour, durant l'Antiquité, plus précisément l'époque gallo-romaine, un homme nommé Hericius arriva au cœur de ses bois pour créer un petit domaine qui, avec le temps, prospéra des richesses de Mère Nature pour devenir un hameau, puis un superbe village. Qui était ce personnage ? Quelles étaient ses origines ? De quelle partie de l'empire aurait-il pu venir ? Quelles circonstances l'ont amené sur la terre des Santons ?
Pour répondre à ces nombreuses questions, nous vous invitons à nous rejoindre au carrefour où se rencontrent la science et l'imagination nécessaires à l'écriture de l'histoire humaine, pour tenter de dresser un portrait hypothétique du père fondateur de notre dernier "petit poucet".
Réalité historique et suppositions, ce cocktail qui nous accompagne depuis le début de notre voyage, plane toujours dans nos soirées d'octobre. Allons à sa rencontre.
🔶️1/ Mesdames et Messieurs, Nous vous présentons Hericius, propriétaire de domaine romain
🟪Légionnaire romain, simple colon, citoyen romain ? :
Hericius lui-même, ou peut-être ses ancêtres, ont pu faire partie des premiers colons à s'installer dans la région après les Guerres des Gaules entreprises par César pour pacifier ce "pays" et en faire une province pour la République, qui, suite à cet événement, céda la place à un nouveau régime politique, l'Empire.
Les études historiques de cette période, comme nous l'avons vu en discutant des causes possibles de la disparition de Marange, ont montré que le territoire fut rapidement parsemé de villes et que la campagne fut très vite exploitée par des villas. Le développement des terres alla donc de pair avec une colonisation étendue et l'installation de citoyens romains.
Cette hypothèse est à la fois sensée et contradictoire.
En effet, il y a un "mais" caché dans cette idée, et non des moindres. L'étymologie même du prénom — rappelez-vous, dans l'introduction, nous vous avons dit que les linguistes s'accordent à dire que ce prénom rime avec les sons des patois germaniques. Nous sommes donc face à un double problème : Hericius était-il un citoyen romain ayant un ancêtre germanique, ou appartenait-il simplement à l'une de ces tribus germaniques alliées à Rome ?
Au cours de cette réflexion, une question supplémentaire nous est venue à l'esprit : n'aurait-il pas pu être un légionnaire romain à qui Rome aurait donné un morceau de terre en remerciement de bons et loyaux services au sein des légions de l'Empire ? Démêlons tous ces malentendus.
Les Romains avaient coutume, pendant plusieurs siècles, de reconstituer leurs troupes en incorporant des barbares dans l'armée. Il n'était pas rare, lorsque ces derniers prenaient leur retraite ou se distinguaient sur un champ de bataille, de leur accorder un morceau de terre en récompense. Cette tendance à enrôler des étrangers s'accentua sous le règne de Probus.
Proclamé empereur en 276, il introduisit apparemment 16 000 Germains dans ses contingents militaires, selon l'Historia Augusta. Cette source est un recueil de biographies d'empereurs romains et de leurs usurpateurs. Elle fut composée vers la fin du VIe siècle par un ou plusieurs auteurs anonymes. Cet ouvrage affirme que ces hommes furent incorporés suite à la soumission de plusieurs chefs tribaux. Il s'agit d'une sorte de rançon ou de remboursement pour payer les dommages causés par les tribus germaniques lors de l'invasion.
Le contexte historique du règne de Probus est crucial ici. L'Empire romain, à cette époque, faisait face à des pressions constantes aux frontières, notamment de la part des tribus germaniques. Pour renforcer ses légions et pacifier certaines régions, Rome avait recours à l'enrôlement de populations non-romaines. Ces soldats "barbares" étaient souvent intégrés dans des unités auxiliaires ou directement dans les légions, et après un certain temps de service, ils pouvaient recevoir la citoyenneté romaine et des terres en récompense.
Il est donc tout à fait plausible qu'Hericius, ou un de ses ancêtres, ait été un Germain enrôlé dans l'armée romaine, qui, après avoir servi fidèlement, se soit vu attribuer des terres dans la région de la Saintonge ou de l'Angoumois. Le nom "Hericius", avec ses sonorités germaniques, s'accorderait parfaitement avec cette hypothèse. Il aurait pu s'établir dans la forêt de Marange, y voyant un potentiel économique et stratégique, et y fonder le domaine qui allait devenir Hiersac. Ce scénario concilie à la fois l'étymologie germanique de son nom et la présence romaine attestée dans la région.
Ainsi, Hericius, suivant notre enquête imaginaire, serait perçu comme un exemple de l'intégration des populations germaniques au sein de l'Empire romain, non pas comme des envahisseurs, mais comme des acteurs de son développement et de sa colonisation, contribuant à façonner le paysage et les localités de la Gaule romaine.
Son histoire fragmentaire, illustrerait la complexité des mouvements de populations et des interactions culturelles qui ont marqué l'Antiquité tardive.
Bien que ce récit historique est un mélange de fiction, d’hypothèses et d’information réelle, il a le mérite de nous dresser le portrait robot du fondateur de Hiersac.
Nous allons reprendre notre costume d’Hercule Poirot pour essayer de cerner la nature des activités du domaine.
🟪Le Domaine d'Hericius :
Notre balade dans la forêt de Marange, sur le Chemin des Anglais, dans les anciennes provinces de Saintonge et de l’Angoumois mêlant à la fois vérité et spéculation nous a permis de dresser un premier bilan des activités du domaine d'Hericius.
Ce domaine initial a prospéré grâce aux abondantes ressources naturelles de la forêt, se développant progressivement d'un simple hameau en un village. La Forêt de Marange, véritable berceau de Hiersac, était une source de revenus essentielle, mais son exploitation intensive, débutant dès l'Antiquité (pour la construction, le chauffage, la métallurgie) et se poursuivant à travers les siècles (par les Comtes d'Angoulême pour l'agriculture et le charbon de bois, puis par le pouvoir royal et l'industrie), a malheureusement conduit à sa quasi-disparition. Hiersac a ainsi vu son environnement se transformer radicalement, témoignant des bouleversements écologiques de la région
Certes, l'histoire du Domaine d'Hericius nous éclaire sur les premières pages du développement de Hiersac, intimement lié à l'exploitation de la Forêt de Marange. Mais pour comprendre pleinement le destin de cette commune, il est essentiel de la replacer dans un contexte plus large, où d'autres forces, telles que les grandes voies de communication et les dynamiques religieuses, ont également joué un rôle prépondérant. C'est en embrassant cette perspective plus vaste que l'on saisit comment Hiersac est devenue le carrefour et le lieu de vie que nous connaissons aujourd'hui.
🔶️2/ De l’empreinte d’Hericius à Hiersac : Une Histoire Ancrée Entre Forêt, Chemin et Foi
L'histoire de Hiersac, petite commune de la Charente en Nouvelle-Aquitaine, est une mosaïque riche et complexe, façonnée par son environnement naturel, les grandes voies de communication et les dynamiques humaines au fil des siècles.
🟪Hiersac sur le "Chemin des Anglais" : Un Carrefour Vital
Hiersac est indissociablement liée au "Chemin des Anglais", une ancienne route dont les origines restent mystérieuses, débattues entre des hypothèses protohistoriques, celtes, romaines ou médiévales. Quoi qu'il en soit, cette voie de communication était d'une importance capitale. Hiersac s'est imposée comme une étape essentielle sur ce chemin, offrant un lieu de repos, de ravitaillement et d'échanges commerciaux aux voyageurs. Cette fonction de halte a joué un rôle crucial dans le peuplement et le développement du village, attirant de nouveaux habitants et favorisant son essor
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🟪Le Patrimoine Médiéval et Moderne : Entre Foi et Agriculture
Au-delà de ses origines antiques, Hiersac a évolué au fil des époques médiévale et moderne, comme de nombreuses localités charentaises. Ses terres ont pu dépendre de divers seigneurs ou institutions religieuses, s'inscrivant dans une économie rurale dominée par l'agriculture, notamment la viticulture, si caractéristique de la Charente.
Le patrimoine religieux du village est incarné par son église paroissiale dédiée à Saint-Jacques. Cette dédicace suggère un lien, même indirect, avec les chemins de pèlerinage, ou du moins une forte influence religieuse. L'architecture de l'église, avec ses caractéristiques de différentes époques, témoigne des phases de construction, de remaniement et de restauration qui ont marqué les siècles, reflétant l'histoire et la vitalité de la communauté
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🟪Hiersac Aujourd'hui : Entre Tradition et Modernité
Aux XIXe et XXe siècles, Hiersac, à l'instar de nombreuses communes rurales, a connu les transformations liées à la modernisation agricole et à l'exode rural. Cependant, sa proximité avec des centres plus importants comme Angoulême lui a permis de maintenir une vitalité certaine, notamment en tant que lieu de résidence. L'agriculture, avec la viticulture (pour le cognac) et la polyculture, demeure une composante essentielle de son identité économique et paysagère.
Aujourd'hui, Hiersac s'efforce de préserver son cadre de vie rural et son riche passé, tout en s'adaptant aux exigences contemporaines. La mairie illuminée, symbole de la participation du village à des campagnes de sensibilisation comme Octobre Rose, illustre cette capacité à concilier son héritage historique avec une vie communale active et engagée.
En somme, Hiersac est un village dont l'histoire est un entrelacement fascinant de fondations antiques, de dynamiques environnementales, de passages commerciaux et de développement communautaire, le tout ancré dans le paysage charentais.
🔴En conclusion :
Hiersac, le Chemin, la Forêt... et la Charente Éternelle
L'histoire de Hiersac, de la forêt de Marange et du mystérieux Chemin des Anglais n'est pas une simple succession d'événements. Elle est une plongée profonde dans l'âme même de la Charente-Maritime, où ces "trois petits poucets" se révèlent être des piliers fondamentaux de son passé. Ce n'est pas par hasard que Hiersac, jadis phare d'Octobre Rose, est devenue le point de départ d'une quête historique qui dépasse largement ses frontières.
Le berceau de Hiersac, le domaine antique d'Hericius, a vu le jour au cœur de la gigantesque Forêt de Marange, dont la disparition progressive est une cicatrice éloquente de l'impact humain au fil des siècles. Parallèlement, le Chemin des Anglais, dont les origines s'étirent des âges protohistoriques aux chemins médiévaux, a été le battement de cœur de la région, faisant de Hiersac une halte vitale. Chaque fragment de ce récit – des colons romains aux seigneurs féodaux, des bûcherons aux pèlerins – s'inscrit dans la grande fresque de l'Angoumois, avec ses dynamiques de développement, ses luttes frontalières et ses transformations sans cesse renouvelées.
Ces "trois petits poucets" ne sont pas de modestes chapitres isolés ; ils sont le miroir d'une micro-histoire qui résonne avec des échos universels. Ils nous poussent à comprendre comment les territoires se forgent, comment les civilisations interagissent avec leur environnement, et comment le passé, même le plus lointain, continue de sculpter notre présent. Plus qu'une simple narration, c'est une invitation à la découverte, prouvant que même les fragments les plus discrets de notre héritage sont imprégnés d'une histoire vivante et palpitante.
🟪Épilogue : L'Écho de l'Histoire dans le Présent
Nous parvenons au terme de notre périple, un voyage qui, nous l'espérons, vous a permis de percevoir l'histoire sous un jour nouveau. Loin des autoroutes balisées des grands récits nationaux, nous avons choisi d'emprunter des sentiers moins fréquentés, ceux de la micro-histoire. Ces "voies secondaires" ne sont pas moins riches de sens ; elles sont, au contraire, des fenêtres sur la complexité et la richesse des destins qui ont forgé nos territoires.
Hiersac, la Forêt de Marange et le Chemin des Anglais, ces trois "petits poucets" que l'on aurait pu croire modestes, se sont révélés être des témoins privilégiés des grandes dynamiques historiques : la colonisation romaine, les luttes de pouvoir médiévales, les bouleversements écologiques ou encore l'ingéniosité des premiers bâtisseurs. En explorant leurs histoires entremêlées, nous n'avons pas seulement déterré des faits ; nous avons vu comment la vie quotidienne, les choix individuels et les contraintes géographiques s'inscrivent dans la longue durée, façonnant le paysage et l'identité des lieux.
Ce que nous avons appris ensemble, c'est que chaque parcelle de notre environnement, chaque nom de lieu, chaque bosquet et chaque chemin porte les traces silencieuses de ceux qui nous ont précédés. L'histoire n'est pas figée dans les livres ; elle vibre sous nos pieds, dans l'air que nous respirons, et dans la lumière qui illumine nos mairies.
Alors, la prochaine fois que vous traverserez Hiersac, que vous imaginerez l'ancienne Forêt de Marange ou que vous arpenterez un tronçon du Chemin des Anglais, rappelez-vous que vous ne marchez pas sur une terre anonyme. Vous foulez un sol riche d'un passé immémorial, vibrant des échos d'Hericius, des charbonniers, des voyageurs et des habitants qui, chacun à leur manière, ont écrit une page de cette fascinante histoire. En cela, ces "petits poucets" nous enseignent que l'immense richesse de notre patrimoine est souvent là, à portée de main, attendant simplement un regard curieux pour révéler ses plus beaux secrets.
N'est-ce pas une merveilleuse invitation à continuer d'explorer les trésors cachés de notre histoire locale ?
Pour approfondir davantage ces éclairages sur la Charente et ses richesses historiques et paysagères, nous vous invitons à consulter l'Annexe : Éclairages sur l'Histoire et les Paysages de la Charente et la Bibliographie pour des lectures enrichissantes.
Vous trouverez également les Mentions Légales nécessaires à notre protection, une lecture peut-être moins agréable mais tout aussi indispensable.
🟪Le mot de la fin
Comme à l’accoutumé nous ne savons pas à quel moment, vous lirez cette publication, donc nous vous souhaitons soit une bonne journée ou une douce nuit
Signé
Les Trois Espaces de l’Abbaye de Corbie du XIIe au XVe siècles, Conteurs d’histoires
Auteure
©Severine Abdellaoui-Chatelain ~ Tous droits réservés
La suite de l’aventure avec :
L’Annexe
Les mentions légales sur le blog et l’article
La bibliographie
✨️✨️✨️Annexe : Éclairages sur l'Histoire et les Paysages de la Charente
Nous avons abordé de nombreuses thématiques dans cet article. Cette annexe vous propose un approfondissement sur des événements et des phénomènes historiques qui ont façonné le territoire de la Charente et de la Saintonge, de la gestion forestière aux grands bouleversements sociaux et climatiques.
🟥Sommaire de l'annexe
⭐️L'Épopée Forestière : Histoire de la Déforestation en France
⭐️La Forêt de Braconne : Un Reflet de l'Histoire Forestière Régionale
⭐️Les Révoltes des Croquants et des Pitaux : Un Cri de Misère Paysanne en Saintonge et Angoumois
⭐️Les Guerres de Religion en Saintonge et Angoumois : Une Région au Cœur des Conflits
⭐️'Hiver de 1709 : "Le Grand Hiver", une Calamité Glaciale
⭐️Le Duché d'Aquitaine : Une Histoire de Puissance et de Fluctuations
✴️✴️1. L'Épopée Forestière : Histoire de la Déforestation en France
Une Rétrospective des Interactions Humaines avec la Forêt
L'histoire de la déforestation en France est un phénomène ancien et continu, intimement lié à l'évolution démographique et économique du pays. Dès la Préhistoire, l'homme a commencé à modifier le couvert forestier pour l'agriculture et la chasse. Le Moyen Âge a vu une intensification des défrichements, notamment sous l'impulsion des ordres monastiques et des seigneurs, pour étendre les terres cultivables et répondre aux besoins en bois (construction, chauffage). Sous l'Ancien Régime, la demande en bois pour la construction navale et l'industrie a culminé, menant à l'Ordonnance de Colbert (1669) pour réguler l'exploitation. Les XIXe et XXe siècles ont vu l'arrivée de nouvelles énergies (charbon) réduisant la pression sur le bois, mais aussi des périodes de coupes massives (guerres mondiales). Des politiques de reboisement ont émergé, et l'Office National des Forêts (ONF) a été créé en 1964 pour une gestion durable. Aujourd'hui, bien que la surface forestière augmente, des défis comme le changement climatique et la préservation de la biodiversité persistent, témoignant d'un cycle complexe de destruction, d'adaptation et de régénération.
✴️✴️2. La Forêt de Braconne : Un Reflet de l'Histoire Forestière Régionale
Témoin des Bouleversements de l'Usage des Terres
La Forêt de Braconne, en Charente, est un exemple marquant de l'impact des activités humaines sur les massifs forestiers français. Dès l'Antiquité, le bois de Braconne était exploité pour la construction et le chauffage. Le Moyen Âge a vu d'importants défrichements pour l'expansion agricole, sous l'impulsion des seigneurs et des moines. À l'époque moderne, la demande en bois pour la construction navale (notamment pour l'arsenal de Rochefort) et l'industrie a conduit à une exploitation intensive, régulée par des ordonnances royales comme celle de Colbert. Au XIXe siècle, malgré la pression continue, des politiques de reboisement ont été mises en place par l'administration forestière. Aujourd'hui, la Forêt de Braconne est un massif domanial géré durablement par l'ONF, conciliant exploitation forestière, préservation de la biodiversité et loisirs, et illustrant l'évolution des interactions entre la société et l'environnement forestier.
✴️✴️3. Les Révoltes des Croquants et des Pitaux : Un Cri de Misère
Paysanne en Saintonge et Angoumois
Les Soulèvements Populaires Face à l'Autorité Royale et Seigneuriale
Les révoltes des "Croquants" et des "Pitaux" furent des mouvements paysans majeurs qui ont secoué le sud-ouest de la France, y compris la Saintonge et l'Angoumois, à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Ces insurrections étaient principalement dues à une forte pression fiscale (taille, gabelle), aux exactions militaires après les Guerres de Religion, aux mauvaises récoltes et aux abus seigneuriaux. La première vague "croquante" éclata en 1594-1595, suivie par la plus célèbre en 1637, s'étendant à l'Angoumois et la Saintonge. Les paysans s'attaquaient aux percepteurs et aux symboles du pouvoir. La révolte des "Pitaux" en Saintonge en 1636 visait spécifiquement la gabelle. Ces mouvements, bien que brutalement réprimés par l'État royal (comme en témoignent les registres paroissiaux et chroniques locales), furent le symptôme d'une profonde souffrance paysanne. Ils ont laissé une empreinte durable sur la mémoire collective des territoires concernés, y compris des villages comme Hiersac, rappelant les violences socio-économiques de l'époque.
✴️✴️4. Les Guerres de Religion en Saintonge et Angoumois : Une Région au Cœur des Conflits
Un Territoire Durement Éprouvé par les Affrontements Religieux
Les provinces de Saintonge et d'Angoumois furent des territoires clés et durement affectés par les Guerres de Religion au XVIe siècle. La Réforme protestante y gagna rapidement du terrain, faisant de La Rochelle un bastion protestant majeur, subissant de longs sièges (1573, 1627-1628). Des villes comme Saintes et Saint-Jean-d'Angély furent également des places fortes protestantes, prises et saccagées à plusieurs reprises. La région fut le théâtre de batailles décisives, telles que la Bataille de Jarnac (1569) et la Bataille de Coutras (1587). Les conséquences furent dévastatrices : destructions massives de villes et d'édifices religieux, un déclin démographique dû à la violence, la famine et les épidémies, et une économie locale gravement perturbée. La révocation de l'Édit de Nantes en 1685 entraîna un exode important de protestants, accentuant l'impact humain et économique à long terme.
✴️✴️5. L'Hiver de 1709 : "Le Grand Hiver", une Calamité Glaciale
La France Face à une Crise Climatique Dévastatrice
L'hiver de 1709, surnommé "Le Grand Hiver", fut un événement climatique d'une rigueur exceptionnelle qui plongea la France, déjà affaiblie par la Guerre de Succession d'Espagne, dans une profonde misère. À partir de janvier, des températures sibériennes (jusqu'à -30^\circ\text{C}) ont persisté pendant des mois, gelant les fleuves comme la Charente et paralysant le commerce. Les conséquences furent catastrophiques : les semences d'hiver furent détruites, les récoltes de printemps impossibles, et le vignoble charentais dévasté. Cette catastrophe agricole entraîna une famine généralisée et une surmortalité massive (estimée entre 600 000 et 800 000 morts à l'échelle nationale), aggravée par les épidémies. Les registres paroissiaux de l'Angoumois et de la Saintonge témoignent de l'ampleur de cette tragédie locale. Le Grand Hiver de 1709 est resté un événement marquant, illustrant la vulnérabilité des sociétés d'Ancien Régime face aux aléas climatiques.
✴️✴️6. Le Duché d'Aquitaine : Une Histoire de Puissance et de Fluctuations
Un Territoire Clé au Cœur des Enjeux Médiévaux
Le Duché d'Aquitaine (ou Guyenne), vaste entité politique médiévale, a joué un rôle central dans l'histoire de France et d'Angleterre, incluant la Saintonge et l'Angoumois. Après des origines romaines et une autonomie fluctuante sous les Mérovingiens et Carolingiens, le duché connut son âge d'or sous les ducs de Poitiers (Xe-XIIe siècles), rivalisant avec les rois capétiens et étant un foyer culturel (art roman, troubadours). Le destin du duché bascule en 1152 avec le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri Plantagenêt, plaçant l'Aquitaine sous domination anglaise. Cette situation fut une cause majeure de la Guerre de Cent Ans (1337-1453), durant laquelle la Saintonge et l'Angoumois subirent de nombreux conflits. La victoire française à Castillon en 1453 marque la réintégration définitive du duché au domaine royal. L'héritage de cette histoire reste visible dans l'identité régionale, le patrimoine architectural, et les enjeux géopolitiques de l'époque.
🟥🟥🟥Mentions légales :
🔴🔴Conceptrice du blog “Les Trois Espaces de l’Abbaye de Corbie, Diffuseurs d’Histoire”
©Severine Abdellaoui-Chatelain ⭐️28 octobre 2022⭐️Tous droits réservés
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🔴🔴Droits d’auteurs sur l’article : “Hiersac, la Forêt de Marange et le Chemin des Anglais : Trois petits poucets au cœur de l’histoire de Charente et Charente-Maritime
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Certaines de ces photographies bénéficient d'autorisations (licences Creative Commons, documentation libre, etc.), tandis que d'autres ont fait l'objet d'une demande d'utilisation spécifique de la part de Madame Séverine Abdellaoui-Chatelain auprès de leurs concepteurs.
✨️✨️Bibliographie Thématique : Hiersac, l'Angoumois, la Saintonge et Contextes Historiques
Cette bibliographie regroupe des ouvrages, articles et ressources numériques pour explorer l'histoire de Hiersac, des anciennes provinces de l'Angoumois et de la Saintonge, ainsi que des contextes historiques plus larges qui ont façonné ces territoires (déforestation, révoltes paysannes, guerres de religion, événements climatiques majeurs).
🔴Sommaire
🔶️Hiersac : Forêt de Marange et Chemin des Anglais
Ouvrages Historiques et Études Spécialisées
Ressources Numériques et Réseaux Sociaux (Général Hiersac)
🔶️Angoumois
Ouvrages de Référence
Ressources Numériques et Réseaux Sociaux
🔶️Saintonge
Ouvrages de Référence
Ressources Numériques et Réseaux Sociaux
🔶️Provinces de l'Angoumois et de la Saintonge (Ouvrages Communs)
🔶️Histoire de la Charente et de la Charente-Maritime
Ouvrages de Référence
Ressources Numériques et Réseaux Sociaux
🔶️Contextes Historiques Spécifique
L'Histoire de la Déforestation
Révoltes Paysannes (Les Croquants et Pitaux)
Les Guerres de Religion
Le Grand Hiver de 1709
🔶️Le Duché d'Aquitaine
🟪1. Hiersac, Forêt de Marange et Chemin des Anglais
⚜️⚜️Ouvrages Historiques et Études Spécialisées
🔅Corlieu, François de (ou Veilroc, François). Receuil en forme d’histoire qui retrace par écrit [ou qui se trouve par éscrit] de la ville et des comtes d’Angoulême. Première publication : 1576. Réédition : 1885 ou 1886 par J.H. Michon. (Source primaire précieuse pour la Forêt de Marange et l'Angoumois.)
🔅Gervais, Jean. Mémoires sur l’Angoumois. Publié en 1864 par Babinet de Rencogne. (Aperçu du contexte historique et géographique régional.)
🔅Historia Augusta. (Recueil de biographies d'empereurs romains, pertinent pour le contexte de l'intégration des Germains dans l'armée romaine, évoquant le personnage d'Hericius.)
🔅Marvaud, François. "Etude sur la voie romaine de Périgueux à Saintes dans l’arrondissement de Cognac." Article publié en 1864 dans le Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente. (Essentiel pour les anciennes voies, dont le Chemin des Anglais.)
🔅Michon, J.H. (Abbé Hippolyte Michon). (Ses travaux d'archéologue et d'historien sont pertinents pour la région charentaise et les rééditions.)
🔅Vigier de la Pile. Histoire de l’Angoumois. Publié en 1844, réédité en 2003 par Lafitte éditions. (Cadre historique général pour l'Angoumois, incluant dynamiques forestières.)
⚜️⚜️Ressources Numériques et Réseaux Sociaux
⭐️Commune de Hiersac : Page Facebook officielle et compte Instagram (recherches : #Hiersac #Charente). (Informations locales, patrimoine, événements.)
⭐️Blogs et sites internet d'histoire locale ou régionale : Ex: "histoire.passion.eu" / Recherches suggérées : "Chemin des Anglais Charente", "Histoire Forêt de Marange", "Patrimoine Hiersac".
⭐️Site internet de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) - Gallica : https://gallica.bnf.fr/ (Accès direct aux sources primaires numérisées, dont Corlieu.)
🟪2. Provinces de l'Angoumois et de la Saintonge
⚜️⚜️Ouvrages de Référence
🔅Combes, Jean. La Saintonge, de la préhistoire à nos jours. Saint-Jean d'Angély : Bordessoules, 1986.
🔅Combes, Jean. Histoire de l'Angoumois. Privat, 1984.
🔅Delavaud, M. Louis. Troubles en Poitou, Saintonge, Aunis et Angoumois, 1643 et 1644, documents publiés. Édition de 1891.
🔅Julien-Labruyère, François. Paysans charentais : histoire des campagnes d'Aunis, Saintonge et bas Angoumois. Saint-Jean d'Angély : Bordessoules, 1992.
🔅Musset, Georges. La Saintonge et l'Aunis : histoire et archéologie. Paris : Res Universis, 1990 (réédition de 1900).
🔅Pellisson, Jean. La Saintonge et ses provinces voisines au Moyen Âge. La Rochelle : Rupella, 1970.
🔅Collectif. "Visages de l'Aunis, de la Saintonge et de l'Angoumois." (Ex: édition de 1952).
🔅Collectif. "Charentes - Angoumois, Aunis, Cognaçais, Confolentais, Rochefortais, Royannais, Ruffecois, Saintonge." (Ouvrage géographique et patrimonial.)
🔅Publications des Sociétés Archéologiques et Historiques de la région : (Société des Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis (SAHSA), Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente-Maritime (SAHCM)).
⚜️⚜️Ressources Numériques et Réseaux Sociaux
⭐️Sites Internet :
🔅Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois : http://www.histoirepassion.eu/ (Référence majeure pour l'histoire régionale.)
🔅Via Patrimoine - Angoulême Tourisme : www.angouleme-tourisme.com/408-via-patrimoine
🔅Préfecture de la Charente - Son histoire : https://www.charente.gouv.fr/Services-de-l-Etat/Organisation-administrative-du-departement/Presentation-du-departement/Son-histoire
Saintonge.online.fr - La Saintonge : histoire d'un Pays : http://www.saintonge.online.fr/saintonge.htm
🔅Route Historique des Trésors des Charentes : https://www.route-historique-saintonge.fr/
🔅Saintes et la Saintonge - Tourisme en Charente-Maritime :https://www.saintes-tourisme.fr/
🔅Wikipédia : Articles "Angoumois", "Saintonge".
⭐️Blogs d'Histoire Locale :
L'Angoumois a son blog | Musée Maritime de La Rochelle : https://www.histoiresmaritimesrochelaises.fr/actualites/langoumois-son-blog (Mentionne http://sauvangoumois.blogspot.fr/)
Nicole Bertin Infos : http://nicolebertin.blogspot.com/
Forgesd'Aunis Histoire : https://forgesdaunishistoire.e-monsite.com/
⭐️Pages Facebook :
Société Archéologique et Historique de la Charente, Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente-Maritime (SAHCM), Offices de Tourisme d'Angoulême et Saintes.
⭐️Comptes Instagram :
@angoulemecity, @angouleme.tourisme, @saintestourisme.
⭐️Hashtags généraux :
#Angoumois #Saintonge #Charente #CharenteMaritime #HistoireLocale.
🟪3. Histoire de la Charente et de la Charente-Maritime
⚜️⚜️Ouvrages de Référence
🔅Combes, Jean. La Charente-Maritime : De la préhistoire à nos jours. Saint-Jean d'Angély : Bordessoules, 1981 (et rééditions).
🔅Mairat, Michel. Histoire de la Charente-Maritime. Geste Éditions, 2004.
🔅Collectif. Histoire des Pays de l'Ouest : Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois, Vendée. Geste Éditions.
⚜️⚜️Ressources Numériques et Réseaux Sociaux
⭐️Sites Internet :
🔅Archives départementales de la Charente-Maritime : https://archives.charente-maritime.fr/
🔅Tourisme Charente-Maritime : https://www.charentes-tourisme.com/
Wikipédia : "Histoire de la Charente-Maritime".
⭐️Blogs Internet :
Le blog d'Hunza, Travel Marmotte.
⭐️Pages Facebook :
Archives départementales de la Charente-Maritime, Musées de Charente-Maritime.
🟪4. Contextes Historiques Spécifiques
📜L'Histoire de la Déforestation
🔅Corvol, Andrée. L'Homme et l'arbre sous l'Ancien Régime : La gestion royale des forêts. Paris : Economica, 1984.
🔅Plaisance, Georges. Forêt et vie forestière. Paris : Hatier, 1962.
🔅Baden-Powell, John. Histoire de la forêt française : du Moyen Âge à nos jours. Paris : France Agricole, 2011.
🔅Archives départementales et locales : (Plans cadastraux anciens, registres seigneuriaux.)
📜Révoltes Paysannes (Les Croquants et Pitaux)
🔅Bercé, Yves-Marie. Histoire des Croquants: Étude des soulèvements populaires au XVIIe siècle dans le Sud-Ouest de la France. Genève, Droz, 1974.
🔅Bercé, Yves-Marie. Croquants et Nu-Pieds : les soulèvements paysans en France du XVIe au XIXe siècle. Paris, Gallimard (Folio Histoire), 1991.
🔅Mousnier, Roland. Fureurs paysannes. Les paysans dans les révoltes du XVIIe siècle (France, Russie, Chine). Paris, Calmann-Lévy, 1967.
🔅Foisil, Madeleine. La révolte des Nu-Pieds et les révoltes normandes de 1639. Paris, Presses Universitaires de France, 1970.
🔅Pardailhan, Jean. Le mouvement des Croquants du Poitou (1594-1640). Éditions de La Pérouse, 2002.
📜Les Guerres de Religion
🔅Jouanna, Arlette. La Saint-Barthélemy : Les mystères d'un crime d'État, 24 août 1572. Paris, Gallimard, 2007.
🔅Crouzet, Denis. Les guerriers de Dieu : La violence au temps des troubles de religion vers 1525-vers 1610. Seyssel, Champ Vallon, 2005 (2 volumes).
🔅Carbonnier-Burkard, Marianne ; Cabanel, Patrick. Une histoire des protestants en France. Paris, Desclée de Brouwer, 1998.
🔅Lelièvre, Alain. Histoire de La Rochelle. La Crèche, Geste Éditions, 2004.
🔅Musée Protestant : https://www.museeprotestant.org/
🔅Wikipédia : Articles "Guerres de Religion (France)", "Siège de La Rochelle (1627-1628)".
📜Le Grand Hiver de 1709
🔅Lachiver, Marcel. Les Années de misère : La famine au temps du Grand Roi. Paris : Fayard, 1991.
🔅Le Roy Ladurie, Emmanuel. Histoire humaine et comparée du climat. Vol. 1 : Canicules et glaciers (XIIIe-XVIIIe siècles). Paris : Fayard, 2004.
🔅Sergeef, Nathalie et Xavier, Philippe. Le Grand Hyver 1709. Éditions Arthéma, 2015. (Bande dessinée historique avec cahier historique.)
🔅Témoignages et Sources Primaires : Saint-Simon (Mémoires), Lettres de la Princesse Palatine.
⭐️Articles et Ressources Numériques :
🔅"L'hiver 1709 dans Gallica" - Blog de Gallica (BnF) : https://gallica.bnf.fr/blog/25012019/lhiver-1709-dans-gallica
🔅"Le grand hiver 1709" - Météo-France : https://meteofrance.com/magazine/meteo-histoire/meteo-fait-histoire/le-grand-hiver-1709
🔅Wikipédia : "Grand hiver de 1709".
📜. Le Duché d'Aquitaine
🔅Higounet, Charles. Histoire de l'Aquitaine. Toulouse : Privat, 1971. (Synthèse complète sur l'histoire de cette vaste région.)
🔅Aquitaine Historique. (Revue semestrielle d'histoire et d'archéologie.)
🔅Chénon, Émile. Histoire des vicomtes de Limoges, de l'origine au XIIIe siècle. Paris : Champion, 1908. (Éclaire les structures féodales et les relations avec le pouvoir ducal en Aquitaine.)
🔅Guinot, André. Histoire de l'Aquitaine et de ses provinces. Geste Éditions, 2001. (Synthèse plus récente et illustrée.)
🔅Wikipédia : Article "Duché d'Aquitaine" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Duch%C3%A9_d%27Aquitaine).
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